« Ici on n’a pas l’heure, on a le temps ». Cette philosophie de vie partagée par quelque 13 000 Madelinots donne le pouls des Îles de la Madeleine, un minuscule archipel québécois du golfe du Saint-Laurent, véritable poussière de terre lorsqu’on l’observe depuis Google Maps. « Aux îles », comme tout le monde les appelle ici, on n’est pas tout à fait au bord de la mer ou de l’océan : on est au bord de l’eau. On ne se sent pas non plus complètement au Québec avec cette nature fondamentalement différente et ce peuple dont la culture et l’accent tanguent aussi vers l’Acadie. Autour de nous, pas de lacs ni de forêts denses, mais des kilomètres de dunes de sable blond, des falaises érodées, des lagunes arc-en-ciel et des paysages dignes des côtes verdoyantes de l’Irlande. « Aux îles », il est vrai que l’on se sent un peu ailleurs.
Entre ciel et mer
Des six îles principales, c’est particulièrement l’Île du Havre aux Maisons qui m’a le plus marquée. Sans doute, comme son nom l’indique, pour ses adorables maisonnettes multicolores, dont on dit que les couleurs vives servaient de repère aux pêcheurs sur le chemin du retour. Sûrement aussi pour son air champêtre et son relief doux et vallonné.
On y trouve un gorille caché dans la roche, la très belle plage de la Dune du Sud avec ses falaises rouges sculptées par l’eau (dont je vous parle un peu plus bas) et le majestueux phare du Cap Alright.
Secret de local, c’est également ici que se cache l’une des plus belles vues des îles en haut des buttes pelées (pour vous faciliter la vie, demandez à l’adorable Cindy Poirier l’itinéraire pour y aller).
Notre autre coup de foudre va à l’Île Boudreau, au nord-est des îles, dont le panorama et la diversité de la faune et de flore ont un petit quelque chose de magique. Isolée et préservée, elle appartient à la Société de conservation des Îles de la Madeleine depuis 2004. Les falaises de grès rouge érodées et aux formes spectaculaires fondent dans l’eau dans une écume poudrée, les rochers ocres vifs évoquent les terres de Mars, les marais entourés d’herbes, de plantes sauvages et peuplées d’oiseaux se colorent de violet, de rose et de bleu marine. Rarement la nature n’aura offert un aussi beau tableau.
Plus de 300 km de plages
Plutôt très fraiche au mois de juin – environ 12 degrés – l’eau qui entoure les îles peut toutefois atteindre les 18 à 21 degrés à la fin août et en septembre dans les lagunes et les baies. Les plages gigantesques et spacieuses ont toutes leur particularité et provoquent un sentiment de vacances immédiat. La plus populaire d’entre elles, la plage de la Dune du Sud, offre un paysage de falaises ocres striées, dont la couleur évolue avec la lumière : un spectacle assez inoubliable. Les baigneurs l’aiment particulièrement pour ses eaux calmes et ses grands rochers creusés par la mer formant des sillons, qui les protègent du vent.
Dans un tout autre style qui évoque davantage les paysages bretons, les plages du Sandy Hook, de la Martinique et de la Grande Échouerie dévoilent des kilomètres de dunes de sable blond piquées d’herbes folles : ammophile à ligule courte, sabine faux-péplus, gesse maritime, etc. Vous aurez l’impression d’être seul au monde.
Prendre le large
Il est 4h30 du matin. Le jour se lève paisiblement sur les îles pendant que nous arrivons dans la baie de Cap-aux-Meules pour une sortie en bateau en compagnie de Kevan et Jeannot Aucoin, homardier de père en fils. La pêche est l’activité qui génère le plus de revenus dans l’archipel, secondée par le tourisme, et le homard représenterait plus de 3 millions de kilogrammes par année. Au début du mois de mai, et pendant neuf semaines seulement, les pêcheurs installent leurs cages à homard au large. Des mesures de conservation très strictes ont été mises en place pour éviter les débordements : 325 permis de pêche ont été accordés et les crustacés de taille inférieure à la norme réglementaire et les femelles avec des oeufs doivent impérativement être remis à l’eau. Le ballet qui se déroule sous nos yeux pendant 4 h respecte une chorégraphie étudiée et rapide, que Jeannot et Kevan exécute avec rigueur et minutie. Quel travail !
Carnet d’adresses et activités sur l’eau
Le vent, indissociable des îles, varient de 17 à 40 km/heure, ce qui en fait un vrai petit paradis pour la pratique de sports nautiques et de glisse. Les fanas de kite trouveront leur bonheur chez CindyHook Sport Adventures, qui propose aussi, quand le vent tombe, du Stand Up Paddle dans une jolie lagune. Autre activité tout à fait recommandée à faire au coucher du soleil : la découverte des grottes au Parc de Gros-Cap en Kayak, en compagnie d’un guide certifié dont les anecdotes sur les îles fusent.
Les îles ont bien évidemment leur lot de spécialités gourmandes et leurs bonnes petites adresses. On débute la journée Chez Armand, un restaurant sans prétention où l’on déguste des beignets à la pâte levée généreusement trempés dans du caramel, une sauce à base de mélasse ou du cheesewiz.
Pour le lunch ou le souper, on file au Café de la Grave, plein à craquer même en tout début de saison, où le pianiste très touchant Jean-Marc Cormier vient jouer de temps à autre quelques airs d’ici et d’ailleurs. On a aussi beaucoup aimé le Bistro Café d’Chez-nous où l’on boit le meilleur latte des Îles; le Bistro du Capitaine pour ses spécialités de fish’n chips et son bel emplacement donnant sur la marina de Havre aux Maisons; et le restaurant des Pas Perdus pour ses burgers généreux et gourmands.
Une visite guidée à la Fromagerie du Pied-de-Vent vous en apprendra aussi davantage sur le fonctionnement quotidien et saisonnier d’une ferme laitière artisanale. Les cinq fromages qu’ils y produisent sont à se rouler par terre : le Pied-De-Vent, la Tomme des Demoiselles, le Jeune-Cœur (mon préféré), le Cheddar Art Senau et le Cheddar en grain. Une dégustation est bien sûr de rigueur!
À l’heure de l’apéro, au golden hour, on va prendre une bonne bière artisanale à la Microbrasserie à l’Abri de de la tempête, nichée dans une ancienne usine de transformation de poissons. Depuis la grande terrasse, la vue dégagée sur la dune de l’Ouest n’est pas pour déplaire.
Rapporter un peu des îles dans sa valise
L’atelier culinaire, boutique gourmande et prêt-à-manger Gourmande de nature est un incontournable pour goûter les saveurs des îles. Leurs produits signatures naturels sont de très jolis souvenirs à offrir : un beurre d’églantier, fruit d’un rosier sauvage; un poivre des dunes, fait à partir de la fleur d’un arbuste appelé la Verne; ou encore un sel de persil de mer, composé de livèche écossaise. Un petit creux ? Attablez-vous devant leur poké bien frais, leurs flatbreads à la morue ou au loup de mer, leurs tartines créatives, sans oublier leurs très bonnes glaces maison!
« Aux Îles » le homard est roi. On en trouve dans presque tous les restaurants, mais il ne sera jamais plus savoureux que nature, trempé dans un bon beurre à l’ail fondu. Lors de notre séjour, la Renaissance des Îles nous a offert un « mess » de homards, à la fraîche, au Parc de Gros-Cap. Leurs délicieux produits issus de la pêche responsable – homard, crabe des neiges, pétoncle, palourde et buccin – se dégustent plus traditionnellement dans leur cantine et se glissent aussi sans problème dans les valises.
Le Fumoir d’antan dirigé par l’illustre Benoit Arseneau, que tout le monde surnomme Ben à Ben, vous familiarise avec le boucanage du hareng. Cette technique de conservations ancestrale et traditionnelle consiste à fumer les poissons déjà saumurés dans une combustion composée d’un bois dur et de brin de scie. Ils resteront deux à trois mois dans la chambre de la boucanerie avant de se retrouver en boutique, prêt à être dégustés ou emportés. Nos produits préférés ? Les filets de hareng boucanés, les bouchées de saumon fumé et le maquereau fumé au poivre.
Enfin, un autre produit phare des Îles est la viande de loup-marin, autrement dit de phoque. Pour en parler ou y goûter, il n’y a pas meilleure adresse que la boucherie Côte à Côte, tenue par Réjean Vigneau, lui-même chasseur de loup-marin, qui se fera un plaisir de répondre à vos questions. Consommer de la viande de phoque est quelque chose d’encore très tabou, et avec beaucoup de patience et d’anecdotes, Réjean arrive peu à peu changer les mentalités. Ça n’est pas pour tout le monde, mais les curieux savent maintenant où aller.
Et le meilleur pour la fin : un concours
Cet article vous a inspiré? Gagnez un voyage similaire aux Îles de la Madeleine pour l’été 2018 avec le concours #tripauxiles sponsorisé par l’Agence de location Hertz des Îles et ses partenaires (d’une valeur de 4 000 $) ! Pour participer, prenez une photo qui vous inspire l’archipel puis partagez-là sur Instagram en utilisant le mot-clic #tripauxiles ou envoyez-là par courriel à l’adresse [email protected]. Vous avez jusqu’au 30 septembre 2017 pour laisser libre cours à votre créativité. Le règlement complet est ici.
Informations pratiques
Y aller : vols depuis Montréal (aéroport de St-Hubert) avec Pascan.
Réserver une voiture ou un scooter : Agence de location Hertz des îles.
Se loger : au Parc de Gros-Cap, à l’Auberge de Gros-Cap, au camping ou au prêt-à-camper.
Un grand merci à l’Agence de location Hertz des Îles et à Jennifer du Collectif voyage numériQc pour l’invitation et l’organisation de ce beau #tripauxiles.