A deux pas du centre-ville, Griffintown vous met au parfum de la nouvelle vague culinaire et culturelle. Localisé en face de Pointe St Charles, ce quartier du sud-ouest a un large pouvoir d’attraction auprès des jeunes professionnels et des familles. Depuis plusieurs années, Griffintown, qui à la base était tourné vers le développement industriel, voit ses rues se métamorphoser grâce à la relève de commerçants dynamiques et créatifs. Carnet d’adresses gourmand, culturel et historique.
La relève culinaire
En quelques années, Notre-Dame Ouest a refait peau neuve grâce au talent de chefs allumés qui ne manquent pas d’inspiration pour créer des recettes décoiffantes. Le Bird Bar recommande ses variations de poulets frits servis avec des bulles champenoises ou italiennes. Ce conflit intentionnel s’assortit merveilleusement avec les saveurs de la sauce Maple Sriracha, favorite de la Chef Kimberly Lallouz. Nota bene: le poulet vient d’une ferme locale. Pour les végétariens et les véganes: pas de panique! Il y a le Mockpok en formule pop-corn! Ouvert cet automne, le décor brut et minimaliste ainsi que les luminaires symétriques accrochent l’œil depuis la rue. A venir: Le Henden, un bar caché aux allures des années 70, niché au sous-sol du Bird Bar.
Au Bureau, c’est d’abord l’atmosphère rétro et intimiste qui attire notre attention. Pour déguster des tapas méditerranéennes à un prix raisonnable, Le Bureau reste l’adresse adéquate pour découvrir une cuisine ensoleillée accompagnant des vins d’importations privées. C’est de l’alchimie professionnelle de trois co-propriétaires qu’est né le Nora Gray sur la rue St Jacques. Des antipastis aux secondi, les assiettes reflètent le talent de la Chef Emma Cardarelli, aussi italienne que sa carte. Dans la même thématique, Chez Sophie ravit avec délicatesse les papilles de ses hôtes. N’hésitez pas à réserver la table d’hôte du midi qui donne vraiment envie avec son prix doux à 30$.
Inutile de présenter les succulents tartares du Grinder ainsi que la décoration soignée des lieux. Pour prolonger l’expérience carnivore, il y a sur le même trottoir, la boucherie du restaurant. Sa vitrine graphique présente des pièces gigantesques ainsi que des viandes déjà marinées aux bons soins du maître boucher Charles Bizeul.
Au détour de la rue William, les assoiffés ne sont pas en reste! Moderne et chaleureux, Le Lord William Pub a pris ses quartiers dans l’immeuble historique du Caladonian Iron Works Co. pour y servir une vingtaine de bières internationales et des cocktails originaux. La carte est aussi constituée d’un choix de brunchs classiques à des prix abordables. Le chef n’a pas oublié les amateurs de plats mexicains avec son Huevos Rancheros: oeufs façon ranch!
Au rez-de-chaussée de la Fonderie Darling, savourez une bonne variété de plats d’inspiration italienne. Le plafond et les murs du restaurant Le Serpent font écho au style industriel du lieu, initialement destiné à la fonte de pièces métalliques. Ce sont les conduits d’aération installé sur le toit qui ont donné le surnom de « serpent » à l’ancienne usine. A tester après une exposition!
L’art au cœur d’un décor industriel
Au 19e siècle, Montréal connait un essor économique et industriel avec la construction d’une ligne de chemin de fer et celle du Canal-de-Lachine. Répondant à une forte demande en terme de produits manufacturés, les fonderies locales s’installent et laisseront un patrimoine architectural riche au quartier, même après la cessation de toute activité dans les années 50.
La Fonderie Darling fait partie de l’histoire métallurgique montréalaise et reste aujourd’hui ancrée dans le paysage artistique de Griffintown. Laissée d’abord à l’abandon en 1991, il aura fallu des années pour mettre sur pied le Centre d’arts visuels que nous connaissons aujourd’hui. Les initiatives de l’association Quartier Ephemère ont permis à l’édifice de s’ouvrir aux artistes comme résidence et lieu d’exposition.
Les rénovations dans les différentes phases du bâtiment n’ont rien changé à l’âme de l’ancienne usine métallurgique. La façade en brique, les poutres apparentes et l’équipement qui servait à faire fondre les métaux demeurent encore visibles et servent de décor à la programmation contemporaine. Les résidents peuvent y séjourner grâce aux échanges internationaux qui font de la Fonderie un lieu immersif avec un accès aux ateliers techniques en corrélation avec les opportunités professionnelles. Pour le moment l’édifice fait une pause avant de ré-ouvrir ses portes au public au printemps 2017.
Depuis 2012, l’art émergent est au coeur du calendrier de la Galerie Antoine Ertaskiran. C’est dans un ancien entrepôt que le propriétaire décide d’inventorier des collections canadiennes et internationales.
La Fondation privée Arsenal art contemporain est le théâtre du rayonnement de la création canadienne dans 50 000 pieds carrés d’exposition. Le couple de philanthropes, Pierre et Anne-Marie Trahan, veille à promouvoir l’art contemporain et à le propulser sur le marché depuis 2011. Cet ancien édifice voué à la production navale héberge aujourd’hui des œuvres monumentales tout en ayant pris le soin de garder le style original.
La revitalisation du canal de Lachine
Sur la promenade Smith, impossible de manquer la Tour Wellington à l’allure peu orthodoxe. Ancienne tour d’aiguillage de trains, l’édifice étroit, fait de béton blanc, a servi de support idéal pour les tagueurs depuis son abandon en l’an 2000.
Des discussions et des études citoyennes ont pris place afin de lui trouver une vocation multidisciplinaire où se côtoieront designers, artistes, associations et riverains. A la fois café collaboratif, toit aménagé en jardin et espace de création, cet ancien point de repère pour les conducteurs de train vit encore de beaux jours devant lui.
Planifié comme zone récréative, le canal a déjà fait l’objet de visions contradictoires tout en restant le protégé de Parcs Canada. L’arrondissement du sud-ouest, caractérisé par les friches industrielles, reste le fantasme de nombreux promoteurs immobiliers versus les environnementalistes qui cherchent à convertir les murs plutôt que de les détruire.
Crédits photo: Diane Martin-Graser