Brunch Montréal

Regard sur Pointe-Saint-Charles : quartier industriel et (encore) authentique

Publié mar, 22 Nov 2016 20:31:28 -0500, par La Rédaction, dans Food

Si l’histoire de Pointe-Saint-Charles m’était contée, ce serait les façades environnantes qui s’en chargeraient le mieux. Pour comprendre les facettes qui constituent l’arrondissement du Sud-Ouest, nous devons nous replonger dans le passé de ce qui était, au XVIIème siècle une métairie acquise par Marguerite Bourgeoys.

En foulant les trottoirs, nul ne peut ignorer la charge patrimoniale qui fait de Pointe-Saint-Charles l’un des plus vieux quartiers de Montréal. En dépit du déclin de l’activité industrielle dans les années 50, les manufactures style Art Déco n’ont pas été abandonnées par la population locale. La réappropriation de ces lieux témoigne d’un sentiment d’appartenance lié à l’histoire des ouvriers, qui ont contribué au développement économique de Montréal.

Edifice Nordelec

Des monuments industriels réhabilités

Véritable berceau architectural, la Pointe-Saint-Charles est vue à la fois comme une aire très lucrative par les promoteurs immobiliers, mais aussi comme un nouveau bassin dynamique pour les résidents. En 1857, c’est d’abord l’implantation de la compagnie ferroviaire le Grand Trunk Railway qui va donner le coup d’envoi à l’urbanisation de cette zone. Les édifices classés ont été bâtis entre 1880 et 1914, pour la plupart, aux abords du Canal-de-Lachine.

Le Nordelec

Après le recul de l’ère industrielle, la majorité de ces monuments a été reprise par des firmes immobilières qui ont transformé ces espaces en condos commerciaux ou résidentiels. Mesurant 2,1 millions de pieds carrés, Le Nordelec demeure l’édifice le plus important d’Amérique du Nord. L’ancienne manufacture de câbles électriques s’est métamorphosée en une pépinière d’entreprises et en logements haut de gamme (à droite de la photo: les terrasses).

L’ancienne raffinerie Redpath fondée à la même époque, a elle aussi subi des rénovations pour être modifiée en lofts somptueux. Parmi les édifices reconvertis, la Pointe-Saint-Charles en compte pas moins d’une dizaine sur sa liste. En descendant au métro Charlevoix, vous ne serez pas déçus de votre excursion!

Des commerces florissants

Incorporé à la ville de Montréal en 1932, le quartier de Pointe-Saint-Charles connaît deux artères principales où se succèdent les commerces : la rue Wellington et la rue Centre. Les vitrines désuètes et l’aménagement moderne des boutiques récemment installées se répondent de chaque côté de la rue. Au choix, nous pouvons offrir une deuxième vie aux vêtements en poussant la porte d’une friperie ou encourager les créateurs repérés par la boutique Krem.

Boutique Krem

Dans une atmosphère zen, pour le brunch, il y a le Café Bloom. À la fois lieu d’échanges et d’expositions artistiques, la cuisine propose des menus adaptés à chaque heure de la journée. Le brunch, préparé avec une variété de produits éco-responsables (dans la mesure du possible), est excellent et à prix doux.

café bloom

Sur Wellington, un jeune restaurateur barbu a repris d’anciens logements pour en faire un bar chaleureux avec une touche subtilement vintage. Chez Dallaire vous prépare une multitude de cocktails et des tapas sous l’oeil avisé d’une biche empaillée, surplombant les banquettes de bistrot. À essayer absolument!

Restaurant Dallaire

Et du côté des institutions…

Les habitants du Sud-Ouest ne sont pas obligés de sortir de Pointe-Saint-Charles pour trouver de la viande fumée préparée soigneusement à la main. La boucherie familiale Les Produits de Viandes Fumées du Québec trône depuis plusieurs générations dans la rue principale et propose des pièces de viandes tendres et fraîches.

viandes fumées du québec

Sans aucune motivation esthétique ou moderne, Chez Paul propose du fast food version maison. Très abordables, les prix sont affichés sur des vieux tableaux estampillés Pepsi et il est possible de jouer au billard en savourant sa poutine à l’italienne. Un vrai coup de coeur!

Poutinerie rue du Centre

La nouvelle vocation du patrimoine

Si la plupart des édifices historiques ont intégré de nouveaux usages à des fins commerciales, d’autres bâtiments sont voués à l’intérêt public malgré les pressions foncières. L’immigration écossaise et irlandaise mélangée, aux canadiens francophones, a largement contribué à l’essor de Montréal et c’est en mémoire de ces ouvriers, que la communauté de Pointe-Saint-Charles désire préserver son identité ancrée dans l’ère industrielle.

Bâtiment 7

C’est en 2009 qu’il a été question de se mobiliser pour récupérer le Batîment 7 de l’ancienne propriété de la CN et d’Alstom. Opposé au projet du Casino, le Collectif 7 à NOUS se crée pour préserver les murs de l’édifice et léguer un lieu de vie, à vocation culturelle et sociale. Grâce à cette initiative citoyenne, la Pointe-Saint-Charles bénéficiera entre autre d’une garderie, d’une cuisine communautaire et d’un lieu d’exposition unique dès 2018.

allez-up

L’autre partie de la raffinerie Redpath, citée ci-dessus, est devenu le lieu incontournable des grimpeurs tout niveau confondu. Le centre sportif Allez UP exploite depuis trois ans les anciens silos à sucre pour offrir au public les voies d’escalade les plus hautes de la ville.

Même si on parle souvent de gentrification dans les quartiers populaires montréalais, l’arrondissement conserve un visage accessible avec une volonté d’autogestion par ses citoyens. Avec un tiers de sa population anglophone, Pointe-Saint-Charles souhaite garder son authenticité et son héritage multi-culturel, tout en se frayant un chemin parmi les quartiers effervescents du Sud-Ouest de Montréal.

Crédits photos: Diane Martin-Graser, Ian Woo et Jean-Bastiste Bouillant.



Ajouter un nouveau commentaire

Votre courriel n'est jamais publié ni partagé. Les champs obligatoires sont marqués de *