Même si la programmation de cette année ne cassait pas trois pattes à un canard (artistes vus et revus), Osheaga reste un événement incontournable de l’été à Montréal. Canadiens de toutes les provinces et Américains de la côte Est s’y retrouvent pour faire la fête le temps d’un weekend. Le cadre idyllique du Parc Jean-Drapeau et la météo quasi caniculaire incitent filles et garçons à se dénuder, couronnes de fleurs rebondissant au rythme des groupes pop/rock et des DJs électro. Les plus ingénieux ayant réussi à faire entrer leur propre alcool arrivent tôt tandis que les autres predrink à l’extérieur du site. Il faut dire que sous un soleil de plomb, on se sent vite pompette! Tandis que les bros et les hippies chics investissent les scènes principales, les mélomanes plus pointus se retrouvent à la scène Piknic Electronik ou aux autres scènes plus discrètes à la programmation plus éclectique. Préférant vous parler des artistes dont j’ai pu juger la prestation, merci de m’excuser si je ne mentionne pas votre ou vos groupe(s) préféré(s).
Jour 1
On commence la journée tranquillement avec le duo australien Angus & Julia Stone, sympathique pour un début d’après-midi. On se rend ensuite à la scène Piknic pour découvrir avec désarroi que le très attendu Flic Flac a été annulé et remplacé par le local Tommy Kruise. Le pantalon trop large et le cheveu long et gras nous laisse à penser qu’il est un peu jeune pour faire partie des privilégiés qui se produisent sur la scène Piknic. Son set, un peu incohérent, nous le confirme. On découvre ensuite Hermitude qui ne nous donne pas spécialement envie de rester. On décide alors d’abandonner l’électro pendant un temps et d’aller écouter The Kills à la scène Verte. Un set bien rock comme on les aime et bien plus agréable à l’oreille que celui, très inconstant, de Brodinski. Oui, on a craqué, on est retournés à la scène Piknic et on l’a aussitôt regretté! Entre temps, on a aussi écouté Cashmere Cat, pas mal, et Chet Faker, que j’adore, mais il manquait quelques décibels pour que l’on soit vraiment dedans.
Retour aux valeurs sûres des scènes principales en fin de journée avec deux prestations qui nous redonnent le sourire : Of Monsters and Men et Florence + the Machine. Le groupe islandais nous offre une jolie performance tout à fait dans l’esprit du festival et termine par la très connue Little Talks dont l’air nous restera coincé dans la tête pendant le reste du weekend. Quant à Florence et son groupe, je suis simplement restée scotchée, incapable de perdre une miette de ce spectacle envoûtant. La chanteuse est une véritable réincarnation de Janis Joplin (les cigarettes, l’alcool et les drogues en moins). Sa tunique blanche semble flotter derrière elle pendant qu’elle danse tel un ange tombé du ciel. Elle est accompagnée de musiciens exceptionnels mais on ne voit qu’elle. Quelle présence! J’en frisonne encore, je crois que je suis tombée en amour. J’ai presque les larmes aux yeux en m’imaginant vivre une telle expérience à Woodstock. C’est la tête plein de pensées hippies que l’on se dirige vers la sortie.
Jour 2
Après une nuit mouvementée (à cause des nombreux afterparty dont je ne parlerai pas dans cet article), retour à Jean-Drapeau juste à temps pour le set de Klangkarrussell. Les deux autrichiens nous en mettent plein les oreilles mais on est un peu déçus qu’ils n’aient pas joué plus de leurs propres morceaux. J’attendais Sternenkinder comme le messie et repars donc frustrée. On se rend ensuite à la scène principale pour écouter Milky Chance. Ses morceaux, charmants, ne sont pas à la hauteur de sa voix exceptionnelle mais on apprécie néanmoins! Arrivent ensuite Ben Harper & The Innocent Criminals qui, pour une raison qui m’échappe, jouent en plein après-midi (alors que la tête d’affiche ce jour-là était Kendrick Lamar… deux artistes d’un niveau pas vraiment comparable selon moi mais il en faut pour tous les goûts!). Une belle leçon de musique et enfin un groupe qui groove!
N’étant pas très fan de Interpol, j’abandonne la scène rock pour me rediriger vers la scène Piknic et découvre une foule en délire pour Oliver Heldens. Son style, à la croisée des chemins entre EDM (Electronic Dance Music) et deep house (apparemment, c’est ce qu’on appelle de nos jours la future house), met le public dans tous ses états! Le bonhomme, sympathique, saute dans tous les sens et semble passer plus de temps à faire le show qu’à jouer de la musique mais on lui pardonne car il est vrai qu’on s’amuse bien! Réfugiés sous un arbre et serrés comme des pingouins, on brave la pluie (heureusement, ce n’était qu’une averse!) pour What So Not. Un son intéressant mais pas toujours très fluide. On accompagne ensuite la vague de groupies qui se rue vers la scène Verte pour Kygo. C’est très kitsch mais on aime bien quand même^^
Vers 20h, le premier set techno du festival nous redonne foi en la scène Piknic. Le DJ de Art Department, qui joue désormais sans son acolyte, nous fait vibrer au sens propre du terme. On aime ça les grosses basses! Retour à la scène Verte pour le dernier show de la soirée. On y allait principalement pour avoir la meilleure vue sur la finale des Feux Loto-Québec (tirés depuis La Ronde, sur l’île d’en face) mais on a été surpris par l’étonnante prestation de Caribou. Un genre de Radiohead version électro qui accompagne parfaitement les derniers feux d’artifice de la saison.
Jour 3
Le dernier jour du festival étant généralement le meilleur, on se pointe tôt. Vers 14h, on assiste à la performance du DJ Thylacine que je regrette aussitôt de ne pas être allée voir la veille au Théâtre Fairmont. Un son trip hop/minimal bien à lui, une très belle découverte! Le duo canadien Bob Moses lui succède et nous ensorcelle instantanément. Certes, je suis un peu éméchée et le soleil cogne, mais leur musique est tout simplement planante. L’un aux platines et l’autre à la guitare/voix, leurs morceaux s’enchaînent de manière suave et délicate. Du miel pour les oreilles… En plus, ils sont carrément hot!
N’to embarque ensuite (oui, on a squatté la scène Piknic) et nous transporte dans son univers. Le producteur marseillais a su créer son propre style (influencé par la techno minimale) et ses mélodies onctueuses (oui, je parle toujours de musique) nous font voyager. Le nuage de fumée qui plane au-dessus de nos têtes doit aider. On décolle ensuite pour la planète Hot Chip qui se produit sur la scène principale. Le groupe d’électro-pop so British débarque sur scène dans des accoutrements loufoques et fait danser l’audience sous une pluie de ballons. Personnellement, je prends mon pied pendant leur morceau Flutes, que je connaissais grâce au sublime remix de Sasha. Un dernier set électro avant les groupes rock de fin de soirée, et pas des moindres! The Black Madonna, légendaire figure féminine de la scène techno, nous offre un son disco très funky.
Après s’être défoulés sur le dancefloor, retour au calme avec alt-J. Leur talent est incontestable et la voix du chanteur est sans pareille mais leur performance manque cruellement de passion. Ils sont plantés tels des piquets sur scène et le public s’endort franchement. Ok, ils ne jouent pas du hard rock mais quand même! Il faut dire que l’on s’impatiente car on attend The Black Keys le cœur palpitant (en tout cas pour ma part). Ils arrivent enfin sur scène et c’est finalement un peu décevant. Je suis toujours aussi fan de leur musique, un peu moins de leurs performances scéniques. Quelques solo sympa mais on est loin des prestations incroyables de Jack White et Arctic Monkeys l’année passée. Je crois même déceler des pains au niveau du rythme. Après 1h30 de show, ils partent un peu comme des voleurs, suivis par trois vulgaires jets de flammes dans les airs. Rien à voir avec l’explosion de confettis qui avait émerveillé la foule après le concert de Mumford & Sons il y a deux ans.
Trêve de placotages. Même si, pour les dix ans du festival, la programmation n’était pas folle, Osheaga reste un événement grandiose et j’y retournerai les yeux fermés, quelle que soit la line up, car on y va avant tout pour l’ambiance géniale et pour l’énergie positive qui s’en dégage. Que de bonnes vibes pendant ce premier weekend d’août! Et malgré nos allées et venues à la scène Piknic, nos déambulations nous permettent toujours d’entendre les derniers tubes estivaux =)
Crédits photo : Sarah Duvivier, Toma Iczkovits, Vanessa Leclair, Annik MH De Carufel, Tim Snow, Patrick Beaudry, Mikael Lebleu.